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Léman
Variété
Samedi 28 juin

Léman a toujours voulu être un artiste. La musique qu’il propose aujourd’hui est un mix de ce qu’il a écouté, petit, au contact des goûts de son père (AC/DC, Guns N’ Roses…), et de ce qu’il découvre comme les icônes rock américaine Je Buckley ou anglaise Radiohead (Amnesia est son album préféré, confesse-t-il volontiers). Léman, qui prend son nom de scène de l’endroit où il a grandi à la frontière franco-suisse, se tourne également vers la musique électro (SebastiAn, Justice, KSHMR, NGHTMRE…), le métal de Slipknot, Machine Head. Il va étoffer ses goûts en allant piocher dans le rap mainstream d’Orelsan ou de Stromae, devenues des influences majeures, avec lesquels il partage le goût du storytelling intime et engagé. En parallèle, il joue de la guitare -beaucoup-, finit le lycée sur le thème “Passe ton bac d’abord”, il obtient le précieux sésame puis entre au Centre de Formation Professionnelle de la Musique (CFPM) à Lyon, et poursuit sa scolarité au conservatoire de Villeurbanne, premier à accueillir un département de musiques actuelles. Léman joue dans des groupes, avant de se lancer en solo, et de se faire remarquer notamment lors de l’édition 6 de The Voice, sur TF1.

Artiste du sensible, il dit écrire sur ses émotions, sur ce qu’il observe autour de lui ou en lui. Dans son EP au titre évocateur On est Plein Léman délivre des chansons pop-rock qui rappellent autant le groupe Muse que Daniel Balavoine et rassemble. Il y développe son écriture, qui masse tous les sujets et en atténue la noirceur avec sa fausse légèreté. Dans JVQTSM (“Je Voudrais Que Tu Sois Mort”), qui totalise plus de 3M d’écoutes, sous ses airs guillerets, jazzy, cette comptine qui débute au piano mutin part d’une colère qu’il a décidé de conjurer et d’en faire une blague. La composition très joyeuse contraste avec le message qui envoie au diable un.e indélicate. Jouissif. Avec On attend, la voix de Léman se fait plus collective et plonge dans son intimité familiale. Il parle du manque de son père à cause de la lutte contre l’alcoolisme de ce dernier, de l’impact sur sa construction. Il y parle du fait d’attendre que quelqu’un change quand il dit qu’il va changer mais qu’il ne change pas. Une chanson personnelle, très universelle, dans laquelle plein de gens se retrouvent. Ce morceau s’articule en une sorte de diptyque avec le morceau On est Plein, qui opère comme une réparation.

Il y est question du regard des gens qui compte, de manque de confiance, des doutes, “des nœuds dans la tête” qu’on se fait. À la fin, l’espoir résonne, épousant l’amplitude et la multitude induites par le titre ; la communauté Léman. À la fin, on est ensemble. On est plein. Dans Petit Garçon, Léman brocarde le sexisme, le racisme, l’homophobie avec un regard d’enfant, toujours avec son écriture mutine, qui titille les thèmes sociétaux les plus brûlants. En faisant la liste de tout ce qu’il n’a pas vécu, il livre un petit précis de ce que c’est que d’être privilégié dans la société, soutenu par les écrits d’Eric Fassin, universitaire spécialiste de ces questions, notamment du privilège blanc et interroge la véracité de notre devise. Liberté, égalité, fraternité : encore, vraiment, pour toutes et tous ? Message reçu pour les mélomanes, sur TikTok, où il a fait des millions de vues sur plusieurs vidéos, avec des retours le remerciant d’en parler. Ton Visage rappelle ses influences métal, dans le solo de guitare du morceau, chronique de la fi n d’une histoire. Les Plus Bornés pousse encore plus loin la critique sociale et dézingue tous azimuts l’incurie sur les plateaux télé, de notre démocratie malade -“À bien y réfléchir en fait, ils ont le pouvoir qu’on leur prête”, constate-t-il justement-, l’abandon des gens qui se battent pour leurs droits, le président actuel, “monarque fascistoïde”. Pour Léman, “la lutte est plus belle dans la joie” fidèle avec le zeste d’espoir qu’il instille toujours dans ses constats les plus sombres. Le clip qu’il a co-réalisé, qui refait le tableau “La liberté guidant le peuple” d’Eugène Delacroix et fait jouer une Marianne noire a quelque chose de rassembleur. Le public ne s’y est pas trompé et s’est approprié certaines paroles du morceau sur des pancartes… en manif. Si vous avez lu sur un carton “Par Toutatis que fait la police ?”, c’est du Léman. La boucle est bouclée.